
AU DEBUT EST LE SON
2024
Écoute mes mots comme ils s’envolent
Ils sont pure musique
Qu’aucune parole ne pourrait encercler
Ils roulent, ils claquent, ils s’élancent
Comme des aigles du levant
Portés par les brumes des collines éternelles
Phare invisible
Guidant ma course dans sa lumière
Jamais je ne pourrai revenir ici
Je ne suis là qu’une fois
Où personne ne peut me suivre
Écoute ma musique
Mes mots sont sans paroles
Ferme les yeux
Avant les mots
Il y a les sons
Lumière liquide
Se fraye un chemin en moi
Ouvre, creuse,
De nouvelles voies profondes
Sillons dans la chair du silence
Ma moelle se dissout
En nappes onctueuses
D’un violet orangé
Et je prends vie stellaire
Tous les soleils éclatent,
En prisme de lumière inversée
Et font voler mon crâne
En une fronde d’oiseaux cristallins
Vers la croix du grand ciel inconnu
Je ne suis plus qu’un grain de sable
Foudroyé d’un orgasme sanctifié
Danse de scorpions
D’oscillations rythmées
Dans les replis nacrés des galaxies
Écoute ma musique
Deviens cette vague souple
De l’air qui jamais ne nous quitte
Mais sans cesse revient
Un jour
Nous ne serons plus que cela
Cette pulsation,
Cette vague,
Plus besoin de respirer
Mais toujours : ce chant-un qui s’élève
Nous emmène et nous happe
Nous ne faisons que nous réveiller
Mais nous avons toujours su danser
Écoute comme ça tape et tape encore
Aucun sang ne coule de ces frappes
Au contraire
Notre sang danse en rythme
Écoute le rythme
La transe t’emporte
Mais tu restes là
Le son ne t’appartient pas
Les mains qui le jouent
Ne sont pas les tiennes
Les sons attendent d’être découverts
L’animal a vécu
Et le son va plus loin
Qu’il n’a jamais été
Puis épouse le silence
Et la boucle est bouclée
Pulsation
Boucle infinie
Substance
Tout est son
Il fut dit
Au début était le verbe
Mais ce n’est pas exact
Au début est le son.