
Aurais-je quitté le lac
éternel
Pour le torrent du temps ?
Comme un ange insensé
Du haut de ces points hauts
d’où j’observais la Vie
Se diffracter en vies
Je décidai mon choix.
Comme un ange insensé
Puis j’ai versé l’eau du ciel
Sur mes pieds de terrien
Elle retomba en mots,
Mots
Pour exprimer
Et recevoir
Goût, sens, vitesse, poids, rythme.
Offrir mon sentiment
Et recueillir le tien
Plus loin que peuvent nos mains.
Des mots pour approcher
Et non pour éloigner.
Enfin
Tremper les mots
Dans l’encre du silence
Et goûter ta présence
En souffle partagé.
Comme un ange insensé
Désormais c’est le corps
Et le mot se fait chair
À l’appel de la danse.
Mais toujours l’appel
Revenir au point haut
Pour y sentir le vent
Résonner sur sa peau
Et s’y abandonner,
Offrir ses rêves au ciel
En brassées de fleurs jeunes ;
Roses sans épines
Semées dans le matin.
Puis se tenir debout
Comme un ange insensé
Et ouvrir grand ses ailes
Et que le vent n’emporte
Que la beauté du vent…
Image : L’ange, de Benjamin Victor