Et j’ai demandé
Au grand Cœur du monde
Immense oiseau blanc
Sans âge ni origine
De m’envelopper de ses tendres ailes
C’était mon besoin
J’étais debout
Et le grand Cœur du monde était là pour moi,
Comme il est là pour toi,
Mais il m’a dit « ne m’oublie pas »
Et j’ai demandé
Au grand vaisseau du Temps
De me prendre à son bord
Et me mettre en mouvement
Sortir de l’immobile
C’était mon grand besoin
Et j’étais redressé
Et le vaisseau du Temps était là pour moi,
Comme il est là pour toi
Mais il m’a dit « ne m’oublie pas »
Et j’ai demandé
Au souffle du grand Vent
De traverser mon corps
Et emporter mon souffle
Vers de vastes horizons
Où les possibles sont
C’était mon grand besoin
Et je me tenais là
Et le souffle du grand Vent était là pour moi,
Comme il l’est pour toi
Mais il m’a dit « ne m’oublie pas »
Et j’ai demandé
Au courant qui m’emportait
De me déposer tendrement
Sur une grève aimée
Bien qu’encore ignorée
C’était mon grand besoin
Et j’étais bousculé
Mais la confiance était là pour moi
Comme elle le peut pour toi
Mais elle m’a dit « ne m’oublie pas »
Et j’ai demandé
A la grande Magie du monde
De me faire rire de ses facéties
Et de son sens du merveilleux
C’était mon grand besoin
Et la Magie était là
Elle dansait devant moi
Comme elle danse pour toi
Mais elle m’a dit « ne m’oublie pas »
Et j’ai demandé
Aux rires des enfants
De rappeler à mon cœur
Un tendre chant d’amour
C’était mon grand besoin
Et j’étais là, debout
En mon cœur, profonde peine
Mais la joie était là,
Comme elle est là pour toi
Et elle m’a dit « surtout, ne t’oublie pas »
Image : La prière des mains, Albrecht Dürer