Umaniti

Dominique Radisson {Textes, poèmes & autres}

Hymne à l’enfant réel

Que son intel­li­gence puise en sa sen­si­bi­lité le meilleur d’elle même. Que son inté­gra­tion émo­tion­nelle lui apporte une grande variété de réponse aux défis de la vie. Que sa capa­cité d’action ne soit pas grevée de forces qui dénient.

Que son amour de la vie soit plein et fécond. Que son altruisme soit une donnée natu­relle de base. Que son égoïsme soit juste et sans excès.

Que sa soif de connaître soit vivante et non ency­clo­pé­dique. Qu’il ne se tienne pas à l’écart du grand festin de la vie. Que sa vision soit claire et lucide, mais pas pes­si­miste.

Que cet être soit heureux de vivre et de par­ti­ci­per aux des­ti­nées humaines. Que sa créa­ti­vité ne l’enferme pas dans un refuge isolé mais rayonne dans le monde.

Qu’il soit heureux. Qu’il se fasse plaisir. Qu’il choi­sisse sa vie au lieu de la subir. Qu’il trans­mette ces joies.

Que son corps soit son allié et non son vassal. Que la peur de vivre ne le fige ni le rétré­cisse. Que ses dés­équi­libres soient dyna­miques et féconds. Que ses peines soient de courte durée. Que sa joie soit solide.

Que les grandes lois qui guident sa vie soient siennes. Que nul voile de tris­tesse n’obstrue ses yeux. Que la souf­france inévi­table ne l’entame pas dans son socle d’existence.

Qu’il sache s’affirmer sans vio­lence, se retirer sans s’effacer. Qu’il garde foi en la beauté de la vie en toutes cir­cons­tances. Qu’il ne connaisse pas le soleil noir de la dépres­sion ou le ciel empoi­sonné de la déses­pé­rance. Qu’il ne fasse pas la dou­lou­reuse expé­rience de la dis­so­cia­tion inté­rieure. Que son être soit et reste entier.

Qu’il aime la terre comme on aime le vivre. Qu’il donne corps en dehors de lui aux voix inté­rieures qui lui échappent. Qu’il ait la passion de se connaître. Qu’il parte dans la vie non pas armé mais doté.

Toujours en lien avec ses res­sen­tis plei­ne­ment assumés, qu’il puisse tra­ver­ser les inévi­tables épreuves de la vie sans que sa base, sa terre, son socle, sa terre du conti­nent rare, ne soit entamée.

Qu’il ne s’abîme ni se mette en péril volon­tai­re­ment pour se sentir exister, mais sache cou­ra­geu­se­ment mettre à l’épreuve ses limites. Qu’il sache franchir ces limites lorsque son être l’exige. Qu’il ne confonde pas ce qui dépend de lui de ce qui dépend de l’autre.

Qu’il vive sa vie et pas celle d’un autre.

C’est l’hymne à l’enfant réel.