Pour prendre plaisir, célébrer, rendre hommage, avec pour guide cette envie de cicseler ces ressentis de l’instant, d’en fixer l’origine et la trace.
Pour quoi faire?
Pour rien d’efficace.
Rien d’autre que le plaisir de redonner au monde une petite part de la beauté qu’il nous offre, là, constamment, à portée d’yeux à ouvrir, d’oreilles à déployer, de sens à aiguiser.
De ce qu’il nous offre dans la totalité de ce qu’il nous donne à vivre.
Tendre toujours vers…
Pouvoir accueillir la peine la plus profonde pour pouvoir accueillir la joie la plus pleine, et cela est vrai aussi dans l’autre sens…
Accueillir, une fois de plus, une seule, parfois infime, et qui fait toute la différence.
*
Explorer le ressenti du versant lumineux du monde m’intéresse parce que cela ancre en moi un sentiment d’éternité – aimante et douée d’intelligence, hors de tout ce qu’on peut se représenter par des pensées ou des mots -, et que j’aime vivre cette expérience sensible et tangible du bonheur sans objet, et essayer de la transmettre, d’en témoigner la saveur unique — cette expérience très simplement spirituelle, il me semble.
Et pourtant ce n’est pas facile, car les mots sont des poissons qui glissent sans bruit sous la surface. Que peuvent-ils savoir du ciel?
Et à côté des mots, il y a la posture. La vie est exigeante, la vie n’est pas facile; les hommes l’ont rendue bien compliquée au fil des périodes, et la souffrance – les pertes, les manques, les blessures, les accidents, les atteintes, est inévitable. Mais toujours, toujours il y aura la possibilité de ce petit pas de côté qui fait voir et ressentir les choses avec l’aide et la présence d’une tendresse immémorielle.
Et fait naître en nous un sourire sans raison et sans âge qui ne vient de nulle autre part que de nos profondeurs encore ignorées.
Ce peut être très doux et condensé comme expérience, tout autant que majestueux et déployé, mais toujours, sans coup férir, c’est un bonheur particulier, quelles que soient par ailleurs les circonstances de nos vies. Aussi dures et exigeantes puissent-elles être parfois.
Tout cela, il faut l’apprendre. En faire l’expérience. S’y offrir.
Et accepter aussi que cela se retire. Avant que de revenir, sous une forme connue ou inconnue.
Et l’écrire…
Image : Saint Jérôme écrivant (Le Caravage)