Un seul et même chant

Baie de Noirmoutier, tôt en ce matin de dimanche.

Le lever du soleil était d’une beauté glorifiant le silence.

À l’est, le ciel s’illuminait d’une traîne de satin rose posée sur un lit de vapeurs orangées. Démultipliée, étirée par le vent, la lumière s’irisait en un sillage de photons ensemencés par contagion chromatique, donnant corps aux nuages jusqu’à l’ouest naissant.

Au plus proche de la ligne d’horizon, elle se fondait avec délicatesse dans le mauve des dernières teintes de la nuit, saluant précautionneusement l’infini des vagues encore presque endormies.

Les oiseaux — merles, tourterelles, passereaux, rouges-gorges, goélands — passaient en grappes bas dans le ciel, en direction du levant, et leurs chants cascadaient sur les falaises de pierres.

Sur la crête, recouverte d’une chevelure d’herbes folles au vert tendre et dru, le vent traçait des sillons éphémères, animant les masses souples, tiges de réceptivité pure, comme, exactement, les flots en contrebas.

L’air tiède était un empereur simple, riche d’odeurs précieuses, marines et sylvestres mélangées. Des fragrances de glycines soulignaient l’harmonie des parfums d’une touche sucrée.

Un seul et même chant d’amour traversait tout ceci, et chaque parcelle de cette beauté était un chant d’amour. Rien d’autre n’était ici que cet amour immense, infini, déployé en mille voix.

Rien n’était détaché de ce chant d’amour-là.